L’Equateur: l’enfer avant le paradis
Prenez votre main gauche, imaginez Buenos aires au bout de votre pouce et Quito a l’extrémité de votre petit doigt. Ça parait assez éloigné ? C’est exact.
Pour éviter les 100h de bus, nous avons choisi une solution intermédiaire et coupé le trajet en 2 avec un stop au Pérou (retour aux sources) : un vol Buenos Aires-Lima avec 2 escales au Chili, une journée d’avion, un vrai régal pour moi…
Le lendemain, 30h de bus pour rallier Lima à Guayaquil en Equateur. Monter dans un bus à 15h en n’en ressortir qu’à 21h le lendemain est une expérience…qu’on ne vous souhaite pas. Surtout quand nos compagnons de route sont 8 islamistes avec la complète (costume, barbe, chapeau), qu’ils s’enferment à tour de rôle dans les toilettes pour on ne sait quelle raison et nous font planter 2h aux passages de frontière à cause de leurs passeports étranges. C’est dans un état de fatigue nerveuse intense, les jambes ankylosées, les fesses « escarrisées » que nous arrivons à Guayaquil. Et comme cette ville est moche et sans intérêt et que nous sommes sûrement un peu maso nous repartirons pour 6h de car dès le lendemain.
Là, pas de doute nous avons retrouvé l’Amérique du sud profonde, le rabatteur du bus qui rameute des voyageurs potentiels pour combler les sièges vides, les marchands ambulants de jus de coco, de galettes de mais, de fruits, de bonbons, des paysannes avec leur poule, tout ça sur un rythme de salsa équatorienne effréné. Toujours aussi folklorique et toujours aussi fatiguant.
Enfin, nous atteignons le paradis, la petite ville de pêcheurs, Puerto Lopez. Georges Pernout aurait pu la choisir pour l’un de ses reportages tant elle évoque la vie côtière simple et débonnaire de l’Equateur.
Des baraquements de bric et de broc (peu importe les gens vivent dehors), des cabanas au bord de l’océan toutes équipées de hamacs pour se laisser bercer en sirotant un jus de fruit frais et d’une sono ultra puissante pour rivaliser avec celle du voisin, des hommes qui jouent au foot sur la plage entre 2 pêches providentielles, des femmes qui bavardent en échangeant leurs recettes de cuisine ou en raccordant leur manucure et des enfants qui organisent des courses de radeaux sur des plaques de polystyrène ou des parties de billes avec quelques pièces de 50cents (pour remplacer les billes).
On est resté là 3jours à savourer cette douceur de vivre : plage, snorkling au milieu des poissons tropicaux et des tortue marines, balade au milieu des fous à pattes bleues sur la Isla de la plata, ventrée de poissons frais. Mais un des meilleurs moments de ce séjour reste le retour des pêcheurs le samedi matin et le marché aux poissons sur la place même.
Incroyable : des dizaines de barques colorées qui déchargent des centaines de kilos de poissons, des grosses prises (thons, espadons, requins, etc.) et des plus petites (crevettes, calmars, poulpes, etc.). Chacun son rôle, tandis que les uns déchargent, d’autres concluent les ventes, d’autres encore écaillent, vident et coupent les meilleurs morceaux avant que d’autres enfin chargent la marchandise dans des camions frigorifiques à destination de tout l’Equateur et du Pérou.
Ici pas de gaspillage, les vautours, les pélicans et les frégates s’occupent du nettoyage de la plage et les stands de cuisine récupèrent les chutes et les invendus et préparent sur place de délicieux plats pour les travailleurs et les badauds. Scène de vie sublime à regarder. Mais il est déjà tant de repartir, nous quittons Puerto Lopez et la côte pour Quito et son charme andin.